Le design d’expérience : scénariser pour innover

 

Le design d’expérience apporte une réponse efficace aux nouveaux besoins, tels que la demande de relations authentiques, de développements responsables et durables, de possibilités de partage, d’accomplissement de soi. C’est à la fois un levier et une ressource pour tous les types d’organisations (entreprises, start-up, collectivités publiques, hôpitaux, écoles, associations, etc.) dans leurs démarches d’innovation et de transformation contemporaines. Ce raisonnement de conception, fondé sur l’expérience immersive et transformationnelle, permet la création d’objets et de services de nouvelle génération : élaborer le lab d’innovation d’un groupe industriel, le fab lab d’une ville ou le hacker space d’un collectif ; imaginer le parcours d’intégration d’un collaborateur ; concevoir un escape game ; inventer les nouvelles activités dans un véhicule autonome lorsqu’on ne tient pas le volant ; repenser l’expérience vécue par les clients d’un restaurant ; gérer la transition vers une industrie 4.0.

Le design d’expérience propose un exposé rigoureux des principes fondamentaux du design d’expérience et des technologies avancées de l’interaction et des jeux. Il fournit les méthodes validées par la pratique en entreprise. Enrichi d’exemples inspirants, ce livre de référence de Géraldine Hatchuel permet une appropriation et une mise en oeuvre rapide du design d’expérience dans le quotidien professionnel des créateurs, designers, ingénieurs, managers, DRH, entrepreneurs, chargés du développement touristique, responsables d’organismes publics, etc.

Le design d’expérience est  une nouvelle théorie de conception

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Géraldine Hatchuel, fondatrice de Choregraphy, enseigne et pratique les disciplines à la croisée du design et du management. Experte en design thinking, et pionnière en design d’expérience, elle a créé pour l’ENSCI le premier cours en France sur le design d’expérience. Diplômée de l’ESCP Europe et Strate École de design, elle intervient aussi à l’École polytechnique, AgroPariTech et à l’ESCP Europe.

 

 

Broché 204 pages

21 euros TTC

ISBN 9782364051584

 

 

 

Sommaire

Chapitre I : La nouvelle définition de l’expérience
1–Les caractéristiques d’une expérience
1.1 Le cadeau de Quentin
1.2 L’expérience, la nouvelle frontière du design
1.3 L’expérience, un métadesign
1.4 L’expérience, une question d’empathie
1.5 L’expérience, une exigence de cohérence et de cohésion
2–L’expérience au coeur des arts et de la spiritualité
2.1 L’apport des arts vivants
2.2 Le modèle du voyage initiatique
2.3 L’expérience, instrument millénaire des religions
3–L’expérience devient un objet de design
3.1 L’expérience en définition : les invécus à vivre
3.2 L’épreuve de l’authenticité :blowing experience et état attentionnel
3.3 L’expérience chorégraphique
3.4 Route et déroute du concepteur et/ou du récepteur
4–Les termes du design d’expérience
4.1 La double empathie
4.2 Comprendre la double empathie : la métaphore du cadeau
4.3 Scénario d’expérience
4.4 Les personnages du design d’expérience : l’expérienceur

Chapitre II : Chorégraphier l’expérience
1–Du design industriel au design d’expérience
1.1 Le design industriel s’est traditionnellement fondé sur la forme et la fonction
1.2 Le design industriel s’est ensuite engagé dans la quête de l’usage
1.3 La révolution du web : user experience, design d’interaction et conception innovante
1.4 L’enjeu du design d’expérience 2–Le design de l’intangible
2.1 Design momentiel
2.2 Les imaginaires, moteurs de l’expérience
2.3 Une expérience, des parcours multiples
2.4 Conditions d’écoute
2.5 L’immersion : une plongée dans l’expérience
3–L’aire intermédiaire d’expérience et ses ingrédients
3.1 Un concept central : l’aire intermédiaire d’expérience
3.2 Design émotionnel : rôle, moteur et conséquences
3.3 Designer la surprise 3.4 Design de comportement
3.5 Improvisation et transgression

Chapitre III : Concevoir et rédiger un scénario d’expérience
1–Difficile partition chorégraphique
1.1 Écrire la musique
1.2 Écrire la danse
2–Le scénario d’expérience, synthèse du scénario d’usage et du scénario narratif
2.1 Du scénario d’usage au scénario d’expérience
2.2 Du scénario narratif au scénario d’expérience
2.3 Passer d’auteur à auteur-metteur en scène
3–Le modèle des « 5 parcours »
3.1 Parcours temporel #1
3.2 Parcours narratif et scénaristique #2 et #4
3.3 Parcours émotionnel #3 3.4 Parcours concret #5
3.5 Les 5 Parcours, au prisme du vécu de l’expérienceur
4–Application et évaluation du modèle des « 5 Parcours »
4.1 Le modèle des 5 parcours en pratique
4.2 Articulation, concaténation, fluidification
4.3 Les designers d’expérience : enjeux, inspirations,risques et éthique d’un nouveau métier

Chapitre IV : Un outil stratégique pour la transformation des organisations
1–Quand l’économie doit prendre en compte le questionnement philosophique
1.1 De la distribution de marchandises à la théâtralisation d’expériences
1.2 Vers une sacralisation du soi et des expériences individuelles
1.3 Vers une entreprise humaniste dont le moteur est l’expérience
2–Un levier de croissance et d’innovation
2.1 L’essor des entreprises qui misent sur l’économie d’expérience
2.2 Émergence d’une activité de conception globale et stratégique qui sert l’innovation
2.3 L’expérience comme sujet et mode d’apprentissage
3–Un outil d’engagement et de changement
3.1 L’expérience collaborateur favorise l’engagement et la motivation
3.2 Le nouveau modèle de conduite du changement
4–Passer d’une rive à l’autre
4.1 Se révéler à soi-même par la quête du bonheur
4.2 Se révéler à soi-même par l’individuation
4.3 Le jeu comme univers de construction du so
i 4.4 L’expérience permet de « pratiquer la vie »

Chapitre V : Le design d’expérience par l’exemple : en entreprise, à l’école et au musée
1–Former des top managers au design : le cas du Lab Postal
2–Initier des visiteurs au design :l’expérience du musée New Cooper Hewitt
3–Pratiquer le design d’expérience : le cas du véhicule autonome chez PSA

 

 

 

 

Préface de Anne Asensio

L’anticipation est une capacité unique de l’homme L’utilisation de l’expérience vécue instantanée associée à la mémoire des épisodes du passé est la condition essentielle pour modifier les comportements dans le futur. L’homme élabore en permanence des scénarios sur les conditions qu’il va rencontrer demain et s’y prépare. Il anticipe les expériences à venir et maintenant à l’ère des nouvelles avancées de la science, il fait bien plus qu’anticiper : il est devenu le designer de ses expériences. Le design est l’incarnation sensible des formes sociales de l’homme, de son relationnel avec son environnement et de ses artefacts. Il se saisit des formes, des usages qui nous correspondent jusqu’à nos imaginaires. La stratégie du design a toujours consisté à définir de nouvelles approches systémiques et holistiques permettant de réconcilier l’homme avec ses besoins conscients et inconscients pour accomplir un résultat de design utile, harmonieux et élégant. C’est pour ces raisons que le design est devenu instrumental dans l’acte d’innovation ainsi qu’à son adhésion. Le « design thinking », processus de pensée du design, est aujourd’hui partout à l’oeuvre : il est admis aujourd’hui comme une démarche participative de l’innovation repensant les modèles de conception, en particulier celui de l’entreprise. En créant des produits, des services et des expériences, les entreprises impactent le quotidien des individus. Les comportements et les besoins de ceux-ci sont en étroite relation avec la manière dont l’économie « saisit » la sphère privée. Le designer s’efforce de comprendre l’humain dans ses usages et ses préférences. Sa force est de donner des clés de lecture centrées sur l’humain. Il a pour mission d’organiser ses propositions autour des utilisateurs et non pas autour des systèmes existants, voire persistants. Depuis Galilée, tous résultats expérimentaux conduisant « au dévoilement » des lois naturelles du monde sont interprétés par les mathématiques. Cette prépondérance à l’esprit de déduction a longtemps exclu la convocation des sens, du ressenti, des émotions, du corps aux projets de résolution de problème. Pourtant aujourd’hui, face à la complexité, la cellule vivante, l’homme et ses sociétés, on constate que ces « objets » ne sont pas réductibles de leurs constituants, que finalement, on ne peut programmer que ce qui est programmable. Les outils traditionnels de l’innovation qui étaient envisageables dans un monde connu et tangible ne le sont plus dans un monde en profonde mutation devenu terriblement ambigu. La perte de repère, de sens appelle à de nouveaux mots, de nouvelles méthodes, de nouveaux imaginaires. Le design est projet, question et itération infinie, évoluant dans l’inconnu avec aisance. Le numérique a bouleversé la définition du design : « designer » une expérience virtuellement de bout en bout, de l’émergence de l’idée à sa diffusion numérique, est devenu possible. C’est ce que l’on appelle le design de l’expérience. Le design, révélateur de sens, appréhende l’expérience avant qu’elle ne soit vécue, cisèle nos images mentales, pensée « liquide » qui saisit les « courants » de la société, décrypte les plus signifiantes traces de comportements expérientiels qui nourrissent l’expérience. Au coeur des processus de conception, le designer d’expérience est devenu instrumental au côté des marketeurs pour conquérir les marchés. Le design de l’expérience n’est pas qu’un simple élargissement de la méthode de design de produit. Il est tentative de prendre en compte l’exhaustivité du monde. Le design, comme l’Art, engage à la fois la main, le corps et l’esprit. Il met en oeuvre des procédés cognitifs comme l’observation, l’hypothèse et l’induction, mais surtout le geste, le corps et sa chorégraphie… On passe de l’enjeu tangible de la maîtrise de la matière et de la forme, le produit, à un enjeu de maîtrise des processus cognitifs, sensoriels et virtuels embrassant la modélisation de l’ensemble de la proposition de valeur incarnée par l’expérience. Avec ce « réengagement du corps » et des sens, en symbiose avec la pensée, on voit émerger une proposition originale issue du détournement et de l’approfondissement de l’approche du Design Thinking comme cadre nouveau à l’innovation et au management de la valeur client. Toute démarche intellectuelle se cristallise lorsqu’elle devient corpus, savoirs, partage et capitalisation : l’émergence des plateformes de collaboration, de conception, de simulation et d’immersion comme aide à la décision est un vecteur inédit de l’accélération et la diffusion des pratiques du design. Le dynamisme de ses nouvelles technologies, associé à l’objectif de rendre toujours plus immersives et interactives nos expériences vécues, enrichit le design d’enjeux de recherche et d’expérimentation vers de nouveaux dispositifs toujours plus innovants. Les plateformes permettent la mise en présence entre concepteurs et utilisateurs ainsi que l’adhésion au changement grâce aux univers virtuels et réalistes favorisant ainsi l’adoption de l’innovation. Ce constat fut la raison de ma motivation à rejoindre Dassault Systèmes en 2008 après plus d’une vingtaine d’années de pratique du design management en entreprise. Ma mission et mon titre furent énoncés comme « Design Experience » définition d’une nouvelle pratique du design : un design holistique et systémique de l’expérience. Cette pratique de Design Experience se consolide de jour en jour chez Dassault Systèmes. Celle-ci expérimente les nouveaux environnements d’innovation, espaces modèles de confrontation et d’expérimentation des nouvelles pratiques collaboratives. Ils sont le lieu d’une démarche sensible et durable à 360 degrés appelée « experience thinking » croisant : les nouveaux usages, les opportunités technologiques, l’identité des marques et les axes de valorisation business indispensables à la monétisation de nouveaux services. L’innovation par le design émerge alors sous la forme d’un scénario intégrant le point de vue du client ultime, mais aussi les multiples acteurs engagés dans le succès de l’expérience. La plateforme de Dassault Systèmes propose par la 3D, les univers virtuels et la simulation de tester progressivement les hypothèses à partir d’un ensemble de données hétérogènes : culturelles, interactives et sensorielles. Avec la multiplication de ces moyens d’expression, comme de partage et de diffusion, le design d’expérience est en pleine expansion. Il s’agit pourtant d’en faire bon usage. Pour définir une réalité acceptable et rassurante, l’homme a parié sur les technologies et la science, et s’est souvent exclu du projet. Une utilisation des technologies et des savoirs ainsi que l’accumulation de richesses qui se ferait sans « grand projet humaniste » sont vouées à créer des inégalités, à générer un monde sans âme. L’avenir radieux d’expériences de vie souhaitables et désirables, autrefois basées sur la « religion technologie » comme partenaire indissociable du progrès et du bonheur est maintenant questionné. Et ce n’est pas avec davantage de technologies, de capteurs, de senseurs et de robots ni avec plus d’artificialité que nous parviendrons au bonheur. Il nous faut maintenant embrasser toute la complexité humaine. Le design spéculatif, le design futuriste est un design qui ne prédit pas, mais qui « fait ». Le design construit des fictions qui se réalisent parce qu’elles sont « incarnées » et vivantes. Ce livre arrive à point nommé. Dans un premier temps, Géraldine nous propose une analyse et un parcours à la fois historique et conceptuel du métier du design au coeur de sa transformation et ses nouveaux enjeux. Nous sommes face à un regard original sur l’évolution fulgurante et significative du design de ces dernières années, de la conception historique des produits et des services pour s’inscrire comme acteur principal du design de l’expérience, de nos expériences de vie. Se saisissant de l’état de l’art de la nouvelle approche expérimentale du design de ses nouveaux régimes et processus, ses nouveaux modèles, ce livre contribue à construire un corpus de savoir du design, une capitalisation des meilleures pratiques de design émergentes à diffuser auprès des Design studio partout dans le monde. Ce livre nous offre aussi une approche plus pragmatique ancrée dans le réel, des témoignages de cas d’usage donnant des clés pertinentes pour tous ceux qui se poseraient la question légitime de la valeur du design au service de l’innovation et du design de l’expérience. Tout au long de ses pages, nous sommes encouragés à une exigence du regard, au questionnement, à l’écoute de nos capacités propres, à se plonger dans notre intériorité, à un engagement complet et total de notre être et de notre corps dans la définition de notre avenir par le design de nos expériences. « Si la science permet d’améliorer la vie, le design fait en sorte qu’elle soit une expérience qui mérite d’être vécue… »

Anne Asensio, vice-présidente Design Experience, Dassault Systèmes.